lundi 20 avril 2020

Balade VTT au Col du Pertuiset








Toujours la même vue à prises différentes d'accord, mais c'est tellement beau la-haut...
Ça vaut le parcours, c'est sur :)

DEHOOKE


 Au Bourget du Lac, il y a le "DEHOOKE" bar brasserie                        super sympa.






Jolie vue sur le lac et pas de soucis pour se garer, parking devant.



 Grande terrasse exterieur avec de l'espace, tranquille et très agréable. 


Burger du boucher, frites salade


Salade César


Hamburger délicieux avec de bonnes frites, une salade bien garnie. Le tout fait avec de bons produits.







 Et à l'intérieur une grande capacité grâce aux divers 
espaces.

Café gourmand

Finger chocolat
Les desserts sont très fins et bons. Le café gourmand est un peu juste, pour le prix (mais tout le monde connait la formule de ce dessert).

Un bel endroit cool pour s'aérer et bien manger. C'est efficace, rapide, bien servi avec un super personnel souriant. 






samedi 18 avril 2020

Jean de spérati dit le génie

Le 14 Octobre 1884 à Pistoia, en Italie, un colonel est fier d'annoncer la naissance de son fils. Il s'appelle Enrico DESPERATI est marié avec Maria ARNULFI depuis le 15 octobre 1868 et en ce 14 octobre nait Giovanni, troisième d'une fratrie de quatre garçons. Les parents issus de la noblesse vont parfaitement éduquer leurs enfants et leur incité à faire de grandes études. 

      
Enrico
Maria




Giovanni très doué pour les mathématiques suit des études de comptabilité à "l'Institut Technique Pierre Crescenzi" à Bologne où il est interne. Massimo, l'aîné fait des études de médecine et vétérinaire, il est passionné par les timbres. Emilio va au collège tout comme Marianno.


Massimo et Marianno


Enfant, Giovanni imite à la perfection les signatures de ses parents et de son maitre. Il va faire d'ailleurs pour ses copains de classe une "donation" de bons points, surtout pour les cancres, car l'instituteur à l'habitude de donner des petits carrés signés de sa main. Une quantité astronomique est  distribuée 😂



Giovanni à 2 ans


Il est féru de sciences et de chimie : vers 12 ans, en vacances chez son cousin propriétaire d'une usine de pâte à papier, il va s'instruire sur la fabrication de celui-ci et faire ses premiers pas en chimie. Trois ans plus tard, il s'essaye avec "L'encyclopédie de la chimie" et c'est chaud...💣

Enrico achète pour sa retraite une fonderie à Pistoia avec la dot de Maria. Ses quatre fils pourront ainsi travailler avec lui. Hélas Enrico n'est pas un fana du sens des affaires, les dettes dues à sa mauvaise gestion s'accumulent, il doit emprunter pour couvrir, c'est la fin : il vend !
Sa grande famille dans les valises, départ pour Naples. 18 Mai 1903 Enrico décède d'une longue maladie, sans avoir pu rembourser ses dettes. Les garçons vaquent à leurs occupations, Maria n'a plus d'argent, et c'est sans compter sur l'aide de sa famille que Giovanni se disant qu'il n'est plus possible de vivre ainsi, demande une entrevue avec le principal prêteur et lui explique la situation. En bref, ils se sont mis d'accord, c'est un succès : départ sans le père dans les valises pour Pise.

 Massimo devient propriétaire d'un magasin de philatélie, spécialisé dans les timbres de San Marino, et à 17 ans, en 1895 il est un des premiers à éditer une revue philatélique : "Le San Marino".


Magasin actuel


Marianno, à Bologne, est propriétaire d'un magasin de photographies et de cartes postales. Il a étudier la lithogravure, la photographie et l'héliogravure.

Giovanni travaille donc avec ses deux frères ainés et parfait ses connaissances.

Par Massimo, il va apprendre à connaitre les timbres et leur valeur, les collectionner, côtoyer  ses premiers experts dont il doutera de leurs capacités. En effet il possède un timbre des colonies françaises qui a été authentifié par le vendeur, mais certifié comme faux par un expert rencontré chez son frère. Berné et furieux, Giovanni s'aperçoit qu'un certificat délivré par un expert pouvait être déclaré nul par un autre n'ayant par ailleurs aucun des deux ni de formation ou de diplôme spécialisé ! Qui croire alors ?  sachant qu'à l'époque juste la notoriété suffisait.
Par Marianno, il va apprendre toutes les techniques pour développer les photos, la création des cartes postales. 

Massimo demande à Giovanni, doué pour le dessin, d'imiter un timbre de San Marino. Giovanni se lance alors pendant une année à améliorer sa technique jusqu'à ce que les timbres, tamponnés soient revendus aux collectionneurs. En 1909 par dénonciation anonyme, la police débarque chez Massimo à Pise et chez Marianno à Turin. Saisie de matériel, de timbres et de cartes postales. Tout ça pour une colombe qui tient dans son bec, non pas un fromage, mais un billet de 1000 Lire ! Il devait être drôlement bien imité (le billet) !

1910, Massimo et Giovanni sont condamnés à deux ans de prison et une amende pour avoir falsifier des timbres et Marianno à amende pour contrefaçon de billets bancaires.

Après délibération, et pour absence de délit, un non lieu est jugé, les frères s'en sortent avec un casier vierge. Le matériel n'a pas pu être certifié pour servir à la fabrication des timbres, et les experts incapables d'être d'accord sur leur authenticité ou pas. Giovanni va pendant ce temps faire une pause avec sa mère en Suisse, où il va rencontrer des fabricants de produits chimiques, qui vont lui recommander de continuer ses études dans ce sens, et que plus tard ils travailleront ensemble. Giovanni devient Jean

1911 Jean quitte l'Italie pour la France : Paris ! 





Jean voyage beaucoup en europe grâce à son emploi chez les suisses et il continue néanmoins ses études. Il habite rue du Ranelagh, et au dernier étage a son atelier dans deux chambres de bonnes qu'il loue (pas les bonnes hein !)






Jean tombe amoureux de Louisette Corne rencontrée dans son immeuble. Il veut l'épouser... En se baladant, il va chez les brocanteurs et les bouquinistes des quais de seine chez qui il va se constituer un stock de vieux documents, de lettres. Il lui faut du papier et des timbres.

En 1911, il rencontre Jean CIVIDINI par le biais des frères Marianan (tous philatélistes) avec qui il sympathise et lui montre quelques essais d'imitation. Inspiré, CIVIDINI lui demande d'en faire d'autres ainsi que "Le Golden Coast anglais 1884-1891 de 1 pound avec filigrane CA. Chose faite quelques semaines plus tard.
CIVIDINI envoie le timbre chez un expert en Allemagne qui lui certifie l'authenticité de ce dernier. CIVIDINI commande plusieurs planches de copies à Jean de certains timbres et les mets en vente.
Mais Jean est malin, et pour reconnaitre son travail il va apposer une marque distinctive au dos de chaque copie que lui seul connaitra, ce qui va lui permettre de différencier ses timbres contrefaits. Cette marque est visible à la lampe de Wood, invisible à l'oeil et au jour, indélébile, résistante aux produits chimiques et à l'eau. 

En 1913 il passe le permis de conduire : 



Le 2 Août 1914, Jean a 30 ans et se marie avec Louisette.


Le jour du mariage

 La jeune soeur de Louisette, Anna quitte sa Bretagne natale à 16 ans et s'installe chez eux.  Elle y restera toute sa vie. Hiver 1818-1919 la grippe espagnole fait de nombreuses victimes, Louisette tombe gravement malade, son médecin l'oblige à séjourner à la montagne. Ce sera 6 mois à Bourg Saint Maurice avec Anna. Avant de partir Jean a trouvé un job de représentant pour l'Italie dans une fabrique française de produits chimiques .
On notera aussi une autre adresse parisienne pour la famille, Boulevard Victor dans le 15è vers 1920.



Après Bourg st Maurice, et toujours sur ordre du médecin, la famille doit aller plus au sud. Il faut quitter Paris vite, il faut du grand air pour améliorer la santé de Louisette. Jean vise Lyon et c'est de nouveau le déménagement. Au gré de leurs balades en voiture il découvre le Château du Carré au village de La Terrasse. Il l'achète.



L'été au château, l'hiver à Lyon, Jean continue d'améliorer ses recherches, ses techniques de reproductions de timbres, de visiter des clients, collectionneurs ou experts.

1924, le 4 septembre nait Yvonne leur fille qu'Anna va élever, Louisette n'étant pas mère dans l'âme. Ils continuent de faire des excursions dans les alentours et c'est comme ça qu'ils découvrent la ville d'Aix les Bains. Il y a tout : le bon air, la montagne avec le Revard, le lac, les thermes, des animations et le chemin de fer à crémaillère. La vie semble paisible, ils tombent tous sous le charme : On refait les valises ! Jean vend tous ses biens.
1931 c'est l'emménagement dans un appartement au dernier étage, Place du Revard  jusqu'en 1933.



Ensuite ce sera pour une courte durée la "Rose Effeuillé" boulevard des Anglais.



Il achète pour finir la "Villa Jacques Coeur" avenue du Grand Port en 1934. 1935, La "Villa Clair de Lune" boulevard de la Roche du Roi est à louer, on refait les valises. Tout le monde se plait dans cette maison, le mari d'Yvonne l'achète en 1948.Il vit chez son gendre, ce sera sa dernière demeure.






















Avec toutes ses ventes de biens et l'héritage de sa mère décédée en 1933, Jean ayant assez de liquidités arrête de travailler et se consacre uniquement aux timbres. 
Petit à petit, après de nombreuses expériences, il teste la fabrication de ses timbres en les envoyant à des experts. Certains sont prêts à en acheter, d'autres flaire les copies, malgré que personne ne trouve le signe distinctif de Jean.
NB : Je vous fais grâce de l'inventaire de son bureau et de son laboratoire, mais sachez, vous vous en doutez, qu'il était extrêmement bien équipé. par ailleurs il avait aussi le matériel que son frère avait réussi à garder à l'époque. Il possède aussi une collection énorme de livres pharmacologiques, sur la chimie, la photo. Il lit, s'essaie, s'inspire, apprend, découvre, fait et refait jusqu'à la perfection. Dans les revues auxquelles il est abonné se trouve des articles sur les faux timbres, où mêmes les défauts trouvés sont décelés et rendu public. Jean ainsi connait toutes les imperfections à ne pas reproduire. 



A force d'acharnement Jean arrive à être excellent et délivre dans son livre ou se trouve 225 reproductions certifiées authentiques par des experts italiens, français, anglais et allemands. Même s'il est connu, pour lui ce n'est pas encore assez. Jean veut une grande reconnaissance autre que dans le milieu philatélique et des experts, donc il cherche....
En 1942, la guerre : Le courrier peut être ouvert par la censure qui surveille surtout ceux qui proviennent ou vont vers des pays étrangers, notamment le Portugal. Jean a une connaissance justement à Lisbonne : un marchand de timbres. Ce dernier via une annonce dans ce journal en Février, veut en échanger.



 Jean envoie alors une enveloppe à son ami avec dedans que de beaux timbres rares qu'il a fabriqué, sur un simple feuille avec son nom inscrit dessus. Il n'oublie pas, surtout, d'écrire son nom derrière l'enveloppe, somme toute ce que l'on fait encore aujourd'hui. il attend ! 




Bingo, la police débarque ! Les douanes ont intercepté, ouvert et saisie l'enveloppe. Avril, le receveur porte plainte contre Jean, motif : "exportation de timbres postes sans engagement de leur contre valeur". Le juge d'instruction de Chambéry demande une expertise par un membre du club philatélique de Savoie qui les déclare authentiques et qui en évalue la côte grâce à ce catalogue : 95 400 francs










Jean ayant "oublié" de faire une déclaration préalable à l'envoi, la douane l'accuse d'exportation illicite de capitaux en novembre 1942, en décembre, il est renvoyé devant le Tribunal correctionnel. Jean se défend en déclarant que ses timbres n'ont aucune valeur et que c'est lui qui les a fabriqué. Il demande alors que ce soit un expert reconnu de Lyon qui fasse une contre expertise. Chose faite en Avril 1943 : même constat, ce sont de vrais timbres. Jean redonne toute une même série de timbres comme ceux saisis au Tribunal qui les reconfie une nouvelle fois à ce même expert en novembre 1943. Ce dernier encore juge que ce sont de véritables timbres et non des copies. C'est un génie ! mais il va en payer le prix : le 17 mars 1944, le Tribunal de Chambéry déclare Jean coupable d'exportation illicite de capitaux et est condamné à une amende de 5 000 francs et confiscation des timbres. En février 1948, enfin et après quelques manigances de Jean (que je ne raconterai pas c'est un peu long...) et d'autres expertises avec d'autres personnes nettement plus chevronnées, les timbres sont déclarés comme non authentiques et l'amende ne sera pas versée par lui mais par l'argent d'acheteurs que Jean a berné ( mais pas méchamment).
























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Jean, par erreur, est mêlé à une autre affaire : "Le TRESKILLING".

1885, Georg Wilhelm Bachman, un gamin suédois de 14 ans décolle dans le grenier de sa grand-mère les timbres sur ses courriers et les revend pour se faire de l'argent de poche. Il trouve donc ce petit timbre jaune-orange qui n'existe qu'en un seul exemplaire. Ces timbres sont normalement vert et suite à un défaut d'impression de planche, un est resté et n'a pas été jeté. Il le revend et ce timbre passe de mains en mains et en fait à ce jour le plus cher au monde. Vendu à 2 875 000 francs suisses en 1996 revendu en 2010, somme et acheteur secret !  




En 1947, Monsieur Imre VAJDA, négociant en timbres suédois voyage en Europe et entend parler de Jean et de son histoire de 1942.




Il l'a raconte donc à un journaliste du "Journal de Stockholm", à sa propre façon et qui prend des proportions assez fantasques. L'article comporte des erreurs et mentionne un voyageur qui a une valise remplie de faux timbres dont une dizaine de Treskilling". Il se dit que : Tous les timbres suédois les plus chers ont été falsifiés et retrouvés en France, qu'un expert à une série de "skilling banco", la somme se compte en millions de couronnes et qu'une affaire de gros sous vient d'être démantelée. 
Un journaliste français vivant à Stockholm s'empare des articles et sort le sien, lui aussi à sa propre sauce : Jean est un chef de gang et Vajda devient un riche collectionneur possesseur d'un Treskilling. On titre que Jean est arrêté à la frontière espagnole avec sa valise bourrée de timbres.







Les deux principaux "acteurs" sont surpris, Jean se demande qui peut inventer un tel récit et dans quel but, par ailleurs on vante les mérites de son savoir faire, VAJDA lui par contre est énervé car étant expert et négociant renommé, comment aurait-il pu acheter un timbre unique, donc faux, et qui est en possession de l'ex roi de Roumanie ? sa réputation en prend un coup, La chambre syndicale des négociants en timbres de Paris voit rouge ! Cette dernière fait finalement un démenti. 
VAJDA mécontent envoie un télégramme au Tribunal de Paris précisant qu'une plainte a été déposée par le Tribunal de la Seine par un négociant d'Amsterdam.
Pourtant il n'y a jamais eu de suites, la plainte n'a jamais été retrouvée. Donc Jean est accusé d'escroquerie envers les experts et non pour falsification de timbre, sur une plainte sans suite. Jean a même réussi à, produire un dizaine des Treskilling sans jamais l'avoir eu et certifiés authentiques par des experts sachant que ces derniers ont fait des offres d'achats pour les reproductions de Jean dont ils ont fait les expertises.



De nombreux journalistes étrangers veulent voir, parler, faire connaissance avec Jean pour essayer de connaitre ses secrets, lui acheter des timbres. 

Dean Jennings dans son article au journal du 30 Avril 1949 raconte sa visite a Aix les Bains.




Il en profite pour demander à Jean s'il peut lui donner des copies de timbres rares américains. Jennings en achète, Jean ne va quand même pas lui donner ! pendant un voyage aux Etats Unis, Jennings les montre à un expert réputé, en prétextant un don familial  et se voit offrir une somme dix fois plus grande que celle annoncée par Jean. Jennings va même lui dire qu'ils se pourraient qu'ils soient faux. En expert aguerri il lui répond que c'est impossible tant la qualité est là. Jennings avoue la provenance : l'expert reste comme deux ronds de flan, pire que la vision d'ovnis ! et s'écrie qu'ils sont si exceptionnels qu'il en est baba. 

Au fil des années, Jean et sa vue vieillissent, il travaille beaucoup moins et met en vente sa collection pour payer les frais de maladie de Louisette n'ayant pas droit a la sécurité sociale. En 1956, il reçoit un diplôme et une décoration de Venise pour saluer son travail et sa qualité artistique. Un sacré pied de nez ! 

Jean n'était pas un faussaire mais un génie. Il adorait les timbres, fumer la pipe, les animaux, Goethe, la musique classique, travailler, que l'on parle de lui (malgré tous ses procès). Il était intelligent, maniaque, perfectionniste. Avait peu d'amis mais beaucoup d'ennemis. Egocentrique, colérique et généreux. 

Il écrivit un livre : 


1946



En prépare un deuxième dès 1946 : "Confidences aux experts" tapé à la machine par lui, ou il explique tout le processus de fabrication étape par étape. Un tirage à un seul exemplaire, cher et d'autres à un prix abordable sont en vente par souscription : ça ne décolle pas ! La British Philatelic Association achète le stock en 1954 pour une dizaine de millions de francs et l'édite en 1955 mais avec moins de détails et sans le processus.







1948

1948



Jean meurt le 27 avril 1957 à Aix les Bains